Mendi Ederrak

TDS - Sur la Trace des Ducs de Savoie

11 Septembre 2014, 17:26pm

Publié par Pilone

Arche de départ a Courmayeur - 6h59

Arche de départ a Courmayeur - 6h59

Le réveil sonne à 3h50. Il faut rejoindre la place du Mont-Blanc pour prendre le bus qui va nous emmener à Courmayeur, départ de cette TDS 2014. Le long chemin de retrait des dossards a été fait, tout le matos obligatoire rentre facilement dans le sac. Je n’ai pas beaucoup couru depuis le trail de Courchevel mais je suis serein et n’envisage pas de ne pas aller au bout. Tous les voyants sont donc au vert. La météo exécrable de la veille laisse place à un ciel étoilé à la sortie du tunnel menant en Italie.

J’arrive dans les premiers au centre sportif de Courmayeur où les coureurs vont s’entasser petit à petit. A 5h10, je m’assois sur le sol froid bétonné du centre et plonge dans un demi-sommeil pour me mettre en mode veille durant une heure. Ayant lu dans beaucoup de comptes-rendus qu’il y a des bouchons sur les premières arrêtes, je décide d’arriver tôt sur la ligne de départ pour être bien placé. A 6h10, je remonte tranquillement au départ pour poser mon sac d’allègement et me placer a 10m de la ligne. Le soleil se lève et je reconnais le coté du mont blanc que nous voyons depuis la Savoie. Mais être aussi près, juste sous la Dent du Géant et de me dire que je vais faire le tour me donne une motivation additionnelle. Je n’ai pas vraiment d’idée du temps que je vais mettre pour boucler cette course, je me suis juste fait un petit memo des temps de passages pour terminer entre 22h30 et 24h30 pour avoir une idée de là ou j’en suis. Je veux juste passer le Passeur de Pralognan, c’est-à-dire vers le km 60, avant la nuit car la descente est réputée technique. On verra bien …

6h59 – Les animateurs peinent à chauffer la foule des 1600 participants mais la musique caractéristique des courses de l’UTMB fait son petit effet. 7h, Allez, on y va !

L'arche de départ a Courmayeur - 6h20

L'arche de départ a Courmayeur - 6h20

Les premiers s'échappent deja devant l'hélicopter dès la sortie de Courmayeur

Les premiers s'échappent deja devant l'hélicopter dès la sortie de Courmayeur

Ça part assez vite comme d’habitude, et on déroule dans les rues de Courmayeur. Un peu de public est déjà là pour nous encourager. Très vite on commence à monter par la route qui se transforme en chemin. Ça court pas mal en montée à côté de moi. Je me pose à un rythme qui me laisse bien respirer même si je me fais pas mal doubler. La route est encore longue. Très vite la file de concurrents s’étire dans les lacets menant au Col Checrouit. Nous passons par les pistes de ski et au pied des remontées mécaniques. Plus on s’élève plus le panorama de la vallée s’offre à nous. Le soleil ne tarde pas à faire son apparition. La température est idéale. Quelle chance nous avons d’être ici !

Dans la montée du col chécrouit - Le début de la vallée d'Aoste au lever du soleil

Dans la montée du col chécrouit - Le début de la vallée d'Aoste au lever du soleil

La pente est déjà assez forte et les clic clic des bâtons sur les rochers se mêlent aux conversations des rares groupes qui font la course ensemble. Le point de contrôle arrive assez vite. Je suis frais les jambes vont bien et souvent je me pose la question de savoir si je vais plus vite qu’à Courchevel ou qu’à la Montagn’Hard : non je respire doucement tout va bien. Je n’ai pas envie de me recevoir un message de Peio me disant que je suis parti trop vite !

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J’attrape un morceau de pain avec du miel à la volée à ce ravito car évidemment quasi personne ne s’arrête a ce niveau de la course. A ce moment-là de la monté, l’arrête se resserre en un single track plutôt large ou il est encore possible de doubler. Comme je n’ai pas pris de montre pour faire la course au feeling je demande l’heure a un espagnol qui me dit que nous sommes partis depuis 1h01. Je me dis que nous montons rapidement mais me fait absorber par le panorama qui surgit a notre droite. Nous sommes juste sous le Mont Blanc. Tellement près que les arrêtes et pics si reconnaissables de loin nous écrasent complètement. On voit l’arrête sommitale, ventée car de la neige s’y échappe comme soufflée. Tous les 100 mètres je prends une photo tellement j’ai peur que le chemin bascule. Mais plus l’on s’élève, plus le panorama devient grandiose.

Le géant a contourner !

Le géant a contourner !

Je m’échappe des pas d’un Anglais dont la montre émet un bip continu pour enfin entendre le chant des torrents glaciaires qui sont sur le versant opposé. Les glaciers sont imposants, effrayants et attirants à la fois. Je passe au sommet de l’arrête du Mont Favre assez rapidement.

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Le "bip" au sommet de la première arrête

Le "bip" au sommet de la première arrête

La descente n’est pas trop technique mais un peu sinueuse quand même. Les jambes sont bonnes évidemment et c’est difficile de ne pas jeter un coup d’œil aux alentours tout en restant vigilant pour ne pas se faire tourner une cheville sur une racine. Quelques passages boueux sont là pour nous rappeler les pluies diluviennes de la veille mais globalement ça va, la descente passe assez bien jusqu’à l’entrée dans un bois en bas et le début du plat remontant au ravitaillement. On se prend un vent de face assez impressionnant. Il n’empêche pas de courir mais c’est très puissant au point que je tente de me protéger derrière le coureur qui me précède. J’ai envie de doubler et d’accélérer mais à ce petit jeu le vent est plus fort. On slalome entre les grosses flaques de ce chemin pendant deux gros kilomètres pour apercevoir les tentes du ravitaillement du Lac Combal. La dernière ligne droite n’est pas très roulante et les petits cailloux n’économisent pas notre voute plantaire.

Le vent pleine face en arrivant au ravito du lac combal

Le vent pleine face en arrivant au ravito du lac combal

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Je m’arrête le temps de remplir les gourdes car la prochaine étape de 20km sera assez longue. J’attrape un peu de nourriture et vois la féminine derrière qui j’étais arrivé repartir quasi instantanément. Je me remplis les mains de Tucs et de Tomme avec un verre de Coca et décide d’avancer en marchant. Le temps de manger tout cela me permet de parcourir les deux cents mètres de plat avant la montée suivante. Nous ne sommes pas très nombreux mais assez pour que certains doublent ou fassent des pauses en plein chemin. Nous étions à l’abri lors de la première partie de la montée mais très vite les bourrasques me saisissent et me font frissonner. Devant comme derrière je suis le seul en T-shirt. J’attrape ma membrane et continue l’ascension. Très vite nous nous retrouvons sur un plateau et le chemin fait un lacet sur la gauche. Cela nous permet d’avoir toute la chaine du Mont-blanc à portée de vue. Génial !

Dans la montée du col de chavannes

Dans la montée du col de chavannes

La chaine du Mont Blanc

La chaine du Mont Blanc

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Le chemin devient de plus en plus rocailleux et j’aperçois au loin les coureurs me précédant comme de petites fourmis de couleur longer la paroi rocailleuse qui va être plus longue qu’au premier aperçu. En tout cas, le vent est toujours là et même sous le soleil et après être passé à l’ombre on reste tous habillés. La monotrace rocailleuse se poursuit et est assez agréable. Il autorise des petits replats synonymes de relances. J’aperçois enfin le dernier coup de cul où tous les CR décrivent les bouchons. Et bien, je dois être en avance car certes il y a un peu de monde mais c’est limite moi appliquant un pas régulier qui freine les ardeurs des imprudents.

Col de chavannes

Col de chavannes

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Dès que l’on passe le Col de Chavannes, on a une vue sur le vallon qui s’ouvre devant nous et nous rebasculons au soleil. Nous quittons les contreforts du Mont Blanc pour partir au sud-est. La vallée est superbe et le fait de passer derrière la crête nous fait gagner plusieurs degrés. Coupant le vent également, je ne tarde pas à enlever la membrane et faire une pause technique. La descente est très facile sur une double trace. Je m’applique à prendre le chemin le plus court et le moins dur au niveau du sol pour ne pas heurter les articulations et ne pas faire de chemin inutile. La pente est favorable puisqu’entrainante, assez pour se laisser aller, pas trop pour ne pas avoir à retenir. Je reviens rapidement sur quelques coureurs mais n’arrive psychologiquement pas à m’arrêter pour ranger les bâtons que je garde finalement à la main. Avant de remonter vers le col du Petit Saint Bernard nous traversons un champ aux allures de pâturage jusqu’à ce que le pied d’un coureur que je rattrape s’enfonce à mi mollet. Il s’arrête net, et bataille deux secondes pour ressortir le pied qui fait un bruit de ventouse. La chaussure est encore au bout de la jambe par chance. Je m’applique pour ne pas faire la même mais on y passe tous au moins jusqu’aux chevilles. Les pieds trempés, c’est fait. La remonté est plutôt agréable, en sous-bois au début puis découverte ensuite. L’endroit est sauvage, la pente pas trop forte, on alterne la marche rapide et les moments de courses.

On commence a revenir sur le col du petit saint bernard

On commence a revenir sur le col du petit saint bernard

Lac du vernay juste sous le col

Lac du vernay juste sous le col

Au-dessus du Lac du Verney, un coup de cul dans les Arcosses très resserrés me met un premier coup de frein à main surtout lorsqu’une féminine me dépose sur place. Surement l’adrénaline des spectateurs massés dans cette montée. Le col est enfin là. Pour la première fois je ressens un coup de pompe qui heureusement n’altère pas du tout ma progression dans cette montée. J’arrive rapidement au ravito. Mon ventre que je sentais pratiquement depuis le début, surtout dans les montées me laisse finalement assez tranquille.

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« Allez, il n’y a que de la descente jusqu’à Bourg-Saint-Maurice » Faux. Si je retiens une leçon c’est que ce n’est jamais de la descente comme l’indique les spectateurs et bénévoles ! Il faut traverser le col avec le vent dans les yeux. Heureusement, la descente est vite là. Je vois les Arcs 1850 sur le versant d’en face et prend la mesure de la longue descente qui nous attend. Un chemin duo qui serpente nous mène rapidement à un single. Je me dis que les fibres doivent casser mais la pente n’est pas trop forte. Par contre je ressens une première douleur sur la face interne du genou gauche. Je commence à sentir un début d’ampoule sous le pied droit également. Pfff on n’a fait que 40 ou 45 bornes et les petits soucis arrivent… je descends à bonne allure en reprenant quelques coureurs puis je décide de stopper juste au-dessus de Seez pour mettre un pansement seconde peau. Je m’arrête en forêt et la tâche est plus ardue que prévue car les pieds sont trempés depuis le passage boueux et ça n’a pas du tout séché. La Compeed colle mal et je dois m’y reprendre à trois fois en voyant cinq ou six coureurs me dépasser. Pas grave mieux vaut se préserver. Je sais que le ravito de Bourg-Saint-Maurice n’est pas loin mais tant pis. Je repars donc et sens que ça va beaucoup mieux. Nous arrivons sur le plat pour traverser le fond de vallée menant à la ville. En levant la tête tout la haut, on aperçoit le Fort de la Platte. Certains doivent déjà y être depuis longtemps … Bref, je passe par le petit bois ou j’ai couru tant de fois quand j’étais au collège ici pour déboucher en ville. J’aperçois mes parents qui ont le droit de supporter et accompagner à ce ravito. J’ai les pieds en feu en marchant dans la rue qui remonte au ravito, la chaleur nous écrase ici.

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Ravito de BSM

Ravito de BSM

J’en profite pour m’asperger et retirer mes chaussures pour voir les dégâts. Quatre départs d’ampoule, rien que ça. J’avais pourtant déjà fait une centaine de km avec ces chaussures mais rien à faire mon pied ne s’y fait pas. Je décide de passer au stand des soins pour soigner tout ça calmement. Au final je repars 21 minutes plus tard ce qui est le double de ce que j’avais prévu. Pas bien grave …

et on decouvre les dégats....

et on decouvre les dégats....

avant de repartir a l'assaut du fort de la platte tout la haut

avant de repartir a l'assaut du fort de la platte tout la haut

Mes parents m’accompagnent dans la rue principale et je les laisse encore un peu groggy du ravito. Là, je vois la montée qui commence. Je longe le collège/lycée Saint-Exupéry qui me rappelle les 4 années passées ici à voir le fort du Truc depuis ma salle d’études. Je pars prudemment sur un rythme pas trop fort car je ne veux pas devoir faire de pauses en route. La chaleur est écrasante et le pas est rasant. J’avais lu dans plusieurs CR que la course commence vraiment ici. Je confirme. Un duo me reprend doucement, je laisse passer. Heureusement, nous sommes un peu à l’abri du soleil grâce à quelques arbres au début de la montée. C’est long et les lacets se ressemblent. Petit à petit, en s’élevant, on croit gagner un peu de fraîcheur mais en arrivant au fort du Truc je vois un groupe de quatre coureurs posé contre les remparts, les gouttes de sueur sur les tempes le regards dans le vide. Clairement, il ne faut pas aller trop fort dans cette portion sinon la cafetière saute ! En quittant le fort du Truc on a une super vue sur l’arrête montant au fort de la Platte. C’est assez démoralisant d’en voir déjà tout la haut mais le moral revient en voyant certains trainer leur misère. Un peu salaud je sais mais malheureusement ça donne l’impression de ne pas être le pire même si on est dans le dur. Mon pas régulier me mènera donc sur cette superbe arrête où on oublie de se retourner pour voir le col du Saint-Bernard, nos traces. Une fois au fort nous nous jetons tous sur le tuyau d’eau.

Durant la remontée au-dessus de BSM

Durant la remontée au-dessus de BSM

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Nous sommes tous quasiment à sec et le peu qui reste dans les gourdes est chaud. Là encore, j’entends des discussions de certains ayant besoin d’une pause au frais maintenant que nous sommes plus en altitude. Moi j’embraye au point de passage. Peu de temps après mon corps me lance une alerte hypoglycémique. Impossible de manger depuis Bourg-Saint-Maurice tellement il faisait chaud. Je me jette sur un tube de lait concentré (les berlingots avec Tic et Tac plus moyen d’en retrouver !) et ce qu’il me tombe sous la main. En moins de 5 minutes j’ai déjà l’effet sucré dans la bouche qui fait réagir mon cerveau et remets les signaux au vert. J’entame un bout de chemin avec un gars sans bâton qui me raconte ses dernières courses et son palmarès. Ça nous fait passer un peu le temps même si ça me fait un peu peur sur le coup d’être avec un gars au palmarès et chronos bien plus costaud que moi. Tant pis. Les paysages redeviennent très sauvages. Le fameux Passeur de Pralognan approche et le soleil est encore haut dans le ciel. Moi qui avais peur de passer de nuit je suis très large ! Je me retrouve seul pour l’approche finale, assez aérienne sur un plan quand un hélicoptère qui couvre la vidéo déboule et fait résonner ses pales contre la paroi. Moment sympa. Les coureurs s’arrêtent regarder ça, il vole très près ! Le sommet doit être juste au-dessus. Je n’aurai pas trop vu le temps passer sur cette portion qui s’annonçait difficile où je profite un maximum d’être en montagne sans avoir à mettre trop d’énergie dans la concentration sur le chemin. La bonne surprise arrive au sommet quand j’aperçois mon père qui a finalement fait l’ascension depuis le Cormet ! J’arrive donc super content au sommet en bonne forme avec un grand soleil. Il fait bon, c’est vraiment un régal ! Le temps de prendre quelques photos et on se jette dans la descente pour ne pas se faire bloquer par les coureurs suivants qui arrivent.

Arrivé au sommet du passeur

Arrivé au sommet du passeur

On comprend pourquoi la descnete est technique sur la gauche...

On comprend pourquoi la descnete est technique sur la gauche...

pointage au passeur

pointage au passeur

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Oui, la descente est technique avec des mains courantes pour s’aider de temps en temps mais ce n’est pas non plus de la Via Ferrata. Avec la fatigue et la nuit cela peut être un peu dangereux, mais là aucun souci si on a un peu le pied montagnard. D’ailleurs ceux qui ne l’ont pas sont vite rattrapés dans cette descente !! Mon père descend devant moi à bonne allure. Il me montre un peu plus bas la vallée avec le ravito qui est encore à 3 kilomètres. La pente redevient raisonnable et je passe devant ma mère muée en reporter photo ! Je les laisse la pour faire la partie plate de 2km en courant. C’est même du faux plat montant mais les jambes sont bonnes et la montagne est magnifique. Beaucoup de spectateurs sont là à l’approche du col, c’est vraiment super ! Le ravitaillement se montre enfin après un dernier replat montant.

Fin de la descente du passeur avec mon père

Fin de la descente du passeur avec mon père

et direction le ravito avec le mont blanc en toile de fond evidemment ....

et direction le ravito avec le mont blanc en toile de fond evidemment ....

Le gros ravito de mi-course arrive sous le soleil !

Le gros ravito de mi-course arrive sous le soleil !

En entrant dans la tente quasiment vide, une dizaine de coureurs tout au plus, je repense alors à l’édition dantesque d’il y a deux ou trois ans ou parait-il, il n’y avait plus moyen de rentrer sous la tente à cause des 50% d’abandons. Aujourd’hui, la montagne en a décidé autrement !

Avec de la soupe comme les aime le Peio !

Avec de la soupe comme les aime le Peio !

Je me change complètement en préparation de la nuit qui finira bien par arriver et me fait un petit festin à base de soupe double dose de sel et de compote. Les ravitos sont encore super bien fournis. Pieds nus, je laisse sécher la peau avant de faire un rapide check. Les Compeed tiennent la route. J’en rajoute une à gauche et ça ira. Au bout de 30 min de pause je me dis qu’il est temps de repartir. Je ne ressens pas la nécessite de me reposer plus longtemps, le physique est bon et le ventre a eu le temps de digérer un peu. Je remballe tranquillement et mets les chaussures en dernier. Aie. J’ai l’impression d’avoir mis mes chaussures de ski à l’ envers et de serrer les crochets. Courir encore 12h minimum avec les XT6 aux pieds ça ne va pas le faire. Je décide donc de mettre les mantras, et la, bénédiction j’ai l’impression d’enfiler des pantoufles. Plutôt minimaliste pour finir un ultra le lendemain de pluies torrentielles mais je suis confiant que le soleil a séché tout ça aujourd’hui. Au final je repars avec un bon moral 41 minutes après mon arrivée.

retour au "mastic" comme dirait Regis

retour au "mastic" comme dirait Regis

Apres 20 pas dehors je claque des dents tellement le vent me saisit. La nuit approche bien. J’enfile la membrane salue mes parents pour de bon et pars seul à l’assaut du col de la Sauce. Je cours tranquillement sur une bonne partie roulante puis la pente reprend le dessus. Je rejoins rapidement une féminine que j’avais en ligne de mire et avale assez rapidement les 300 mètres de D+ pour passer de l’autre côté direction la Gitte. Les nuages s’épaississent et l’humidité de fin de journée apparait. On dirait un paysage basque !!

la vallée sur la gauche du col

la vallée sur la gauche du col

et le col de la sauce

et le col de la sauce

Je rattrape un concurrent avec qui nous faisons la descente. Je sens une pointe dans le genou gauche. Rien de grave mais je dois faire attention à ne pas accrocher de cailloux avec le pied sous peine d’être sanctionné par une vive douleur des ligaments internes du genou. Je m’offre encore le loisir de poser la membrane car la machine consomme assez pour rester en manches courtes malgré la température en chute. Il fait encore bien jour et nouvelle bonne surprise, arrive alors le passage du Curé. Dans tous les CR, les coureurs se plaignent de passer de nuit à cet endroit. Et ils ont raison car c’est un passage super sympa ! Un aiguilleur en train de préparer son BBQ avec la bouteille de rosé nous annonce le passage avec pas mal de cailloux glissants et donc d’être bien vigilant. La vallée se resserre formant des gorges et la paroi en pierre est complément creusée. Je prends quelques photos

arrivée sur la passage du curé

arrivée sur la passage du curé

avec la roche completement taillé. Beaucoup plus impressionant en vrai car le mur sur la droite disparait et laisse le vide au dessus du torrent

avec la roche completement taillé. Beaucoup plus impressionant en vrai car le mur sur la droite disparait et laisse le vide au dessus du torrent

A la fin de ce passage je rattrape et double mon compagnon. L’euphorie me fait faire une belle descente et la végétation revenant annonce la fin de la descente. En s’ouvrant, elle nous offre une superbe paroi sur la droite dans la brume ainsi qu’une vue sur la vallée avec une lumière offerte par un soleil couchant splendide.

Magnifique jeu de lumière au crépuscule juste apres le passage du curé

Magnifique jeu de lumière au crépuscule juste apres le passage du curé

et dans la descnete sur la gitte

et dans la descnete sur la gitte

Un spectateur égaré m’indique la fin de la descente un peu plus bas. Là, des aiguilleurs nous font passer dans un champ ultra glissant composé de boue et d’herbes détrempées sous prétexte qu’il ne faut pas abîmer la montagne en passant de partout. Les mantras s’accrochent du mieux possible et ça passe sans pour autant rester au sec.

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Petit bip à la Gitte qui casse la spirale positive quand le contrôleur m’annonce la 169eme position. Je savais que j’étais arrivé 121eme à Roselent mais je ne pensais pas que 50 coureurs auraient eu le temps de passer durant cette pause. Bon je m’en moque complétement mais je pars un peu triste de cette nouvelle et me demandant si je ne serais pas en train de couler une énorme bielle sans m’en rendre compte. Bref, je passe un groupe de 5 en train de boire au bassin de la Gitte, et repars avec deux d’entre eux. Au pied de cette remontée, je papote avec l’un qui me montre sur le graph les 650 de D+ qui nous attendent. Il fait encore jour mais l’obscurité arrive. Je reste en t-shirt et fais le tempo durant un bon moment. En me retournant je vois qu’il n’en reste plus qu’un derrière moi. Le single fait place à une route double et je papote alors un moment avec un Normand, pistard dans sa jeunesse qui me dit lui aussi avoir déjà bouclé la CCC et qu’il trouve la TDS beaucoup plus technique. Nous faisons un bon bout de chemin ensemble et trouvons le temps long de ne pas voir arriver le col. Au moment où une tente avec un aiguilleur se présente, je lui raconte mon impatience. Il me dit « désolé, ce point secours est 150 m de D+ sous le col ! » Arf. Pas grave. J’en profite pour mettre ma frontale car désormais il fait nuit. J’avais l’espoir de passer le col de jour mais suis déjà bien content d’être arrivé jusque-là sans frontale ! Nous quittons le chemin pour couper par un champ droit dans la pente à la lumière réfléchissante des fanions qu’il faut désormais suivre. Le col arrivant nous nous retrouvons à trois pour entamer la redescente. J’enfile la membrane, il fait froid maintenant…

Le genou gauche se réveil dans les descentes et je reste donc très prudent. Durant une bonne demi-heure, nous faisons la descente et je reste calé à l’arrière du trio même si je trouve le rythme un peu lent. Je profite d’une pause technique pour repartir en tête afin de prendre un peu le relais et me dis que cela doit être plus difficile que de suivre un chemin déjà éclairé. Du coup, je me mets à mon rythme. Très vite, je décroche mes deux compagnons. Est-ce bien raisonnable de rester seul dans la nuit… ? Oui, c’est top. Personne pour modifier mon allure, ma frontale fonctionne bien et la descente ressemble plutôt à du vallonné. Il y a un peu de brouillard de temps en temps et je trouve le balisage plutôt léger. Tant pis il faut faire avec. Je progresse à bonne allure et il me tarde d’arriver au col du Joli. Le graph indique seulement de la descente mais on se prend régulièrement des coups de cul et des passages dans la pente. Il doit y avoir du gaz à certains endroits mais de toute façon on ne voit rien à la frontale. Ça me plait vraiment cette portion, je me fais des films un peu comme le raconte Kilian dans « Courir ou Mourir ». J’atteins un grand plateau et entends la musique à bloc provenant du ravitaillement un peu plus bas. On suit ce qui ressemble à une piste de ski et je crois me perdre a deux reprises par manque de balisage. Je m’arrête à deux reprises pour être sûr de ne pas avoir raté un fanion. Pas de frontale devant ni derrière, je suis le bruit de la musique et cinq minutes plus tard me voilà enfin au col du Joly !

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Pas grand-monde ici, si ce n’est des bénévoles avec de grand sourire. Je me ravitaille léger car il n’y a que de la descente et du plat jusqu’aux Contamines. Je fais un arrêt un peu plus long que prévu une fois de plus pour passer au stand de secours me mettre de l’anti-inflammatoire sur les genoux. « Vous voulez abandonner ? Ben non pourquoi ? ah ok. » Je regarde un coureur sur un lit de camp en train de faire une petite sieste mais je n’ai pas le moindre signe de sommeil. Apres une soupe, je repars seul dans la nuit. Au bout de 500m, j’aperçois des frontales plus bas. J’ai envie d’y aller, d’accélérer et d’aller les chercher. Malheureusement, mon pas n’est plus aussi naturel à cause de la douleur au genou. Je me laisse descendre tranquillement et la piste bien large se transforme en single assez plaisant puis en chemin de plus en plus technique parsemé de grosses racines. Cela me rappelle la descente qui arrive à Notre-Dame-de-la-Gorge lors de la Montagn’Hard. C’est un peu la même en moins difficile. Sur le bas, on rejoint le chemin avec de grosses pierres en forme de dalle. C’est un peu glissant et surtout plus long que dans mes souvenirs. Je me cale a un rythme convenable pour rentrer sur les Contamines pour ne pas me griller. On passe la route une ou deux fois puis enfin rentrons dans le village. Mon compagnon lors de la montée du Passeur de Pralognan me reprend juste avant d’arriver au ravito.

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Je vous invite désormais a consulter le CR de la montagnhard de juillet 2012 dans les archives du blog pour avoir des photos vu qu'il fait nuit !!!

Pas grand monde à cette heure-là dans les rues et au ravito non plus. Je m‘assieds tranquillement pour me faire une soupe salée et mettre des manches longues. Il faut se préparer pour les 1300m de D+ à terminer. Je dois être resté grosso modo 10 minutes peut être, j’ai un peu perdu la notion du temps avec la nuit…

Allez, on y va, j’ai envie d’en terminer maintenant. A peine le temps de reprendre les bâtons en main que la route devient ultra raide en bitume d’abord puis en chemin ensuite. Pas du tout technique mais qu’est-ce que ça monte !!! Je prends un rythme régulier, tenable jusqu’en haut. Deux Espagnols qui sont partis 30 secondes après moi me rattrapent petit à petit et ça me mine le moral car je sais que je ne dois pas aller plus vite pour terminer correctement. Au moment où ils me rejoignent, le premier est facile mais le second est à bloc. Tellement à bloc, qu’en fait ils ne me dépasseront pas, ils devaient juste vouloir faire la jonction. On aborde ensuite une partie un peu plus single en forêt. Il fait froid mais avec l’effort, il est inutile d’avoir deux couches. A l’approche du premier sommet et des chalets du Truc, un replat se forme, me laissant apercevoir une féminine et son compagnon. A cette jonction, j’ai le sentiment que ce petit groupe va finir la montée ensemble. J’accélère sur le replat pour courir mais personne ne suit. Et tant mieux car la descente vers les chalets de Miage est technique et ultra boueuse. Clairement, les mantras ne suivent pas la cadence et chaque pas slide de 30cm. J’ai l’impression de faire de la slack line et grâce aux bâtons j’arrive à tenir debout par miracle. Je déroule cette partie assez amusante et embraye jusqu’au pied du Tricot. Derrière les frontales sont loin. En 15min de descente, les deux Espagnols sont maintenant à deux ou trois bonnes minutes. Tant mieux j’ai envie d’avoir la paix. Je lève la tête pour voir la lumière tout la haut au sommet du Tricot. Six ou sept frontales sont dans la montée. Bien trop loin pour que je puisse espérer revenir sur qui que ce soit. J’ai un coup au moral et me décide à mettre l’IPod. Plus de batterie. Il a du se mettre en route sans que je fasse attention. J’avais un souvenir de la descente du tricot bien diffèrent de ce qui m’attendait. Le début est un mur. Pas un seul lacet et on monte droit dans les cailloux. Une séance de squat qui pulvérise les quadris. Plus j’avance plus la lueur du sommet me donne le vertige tellement l’ai l’impression qu’elle recule. Les lacets tardent à arriver et je m’empêche de lever la tête pour espérer apprécier une éventuelle avancée dans cette ascension. Terrible. Le chemin n’est pas du tout roulant, assez boueux, et plein de cailloux. La tête baissée, je finis par revenir sur un gars qui est à bout de force. Il se pose sur ses deux bâtons pour me laisser passer, même plus la force de répondre à mes encouragements… Derrière, je vois les frontales commencer la montée ainsi qu’autres qui descendent des chalets du Truc. Ils ont l’air si près mais doivent au moins être à une heure ou plus derrière moi tellement cette portion est terrible. En arrivant au sommet, les sympathiques bénévoles me disent une fois de plus qu’il n’y a plus que de la descente, ce qui est faux une fois de plus.

2h10 d'acenscion depuis les conta par le terrible col du tricot. Dernier col a franchir pour les participants de la PTL...

2h10 d'acenscion depuis les conta par le terrible col du tricot. Dernier col a franchir pour les participants de la PTL...

Je ne traine pas et commence directement cette descente que j’avais faite de jour dans les talons de Pierrot à la Montagn’Hard. Le chemin est complétement creusé par l’érosion. Je marche rapidement à cause de la douleur de mon genou et finis par courir pour reprendre deux frontales à bout de force un peu plus loin. Au sommet, un concurrent avait pris mes pieds pour faire la descente ensemble. Je commence à sentir l’émotion de la ligne d’arrive qui se rapproche. Ce n’est pas le moment de se craquer une cheville. Très vite on arrive à la passerelle du torrent de Bionnassay. Très impressionnant de partir dessus sans voir le bout à la frontale et d’entendre l’énorme torrent gonflé des pluies de la veille. Dans le dernier coup, on s’échappe d’un groupe de quatre avec mon poursuivant en courant à bloc sur le chemin de traverse qui doit nous emmener à Bellevue. Je suis parfois surpris de passer par certains passages assez techniques et caillouteux qui coupent bien le rythme. Une fois de plus on se reprend un coup de cul après le passage de la crémaillère du petit train. A l’approche du point de contrôle de Bellevue, le mec qui m’accompagne me glisse qu’il explose si on lui dit qu’il reste que de la descente. Je n’ai plus trop la force de rigoler mais j’avoue que la même pensée me traverse l’esprit aussi !!!

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Chamonix, veille de la course avec le torrent en crue devant le glacier des bossons

Chamonix, veille de la course avec le torrent en crue devant le glacier des bossons

A ce moment de la course, je me mets à rêver de terminer en moins de 22h ce qui serait la cerise sur le gâteau. Il faut toujours se méfier mais je me dis que ça serait cool. On décolle assez rapidement et on se rend compte au même moment qu’on ne voit plus grand-chose. Pourtant, nos yeux se sont habitués à la nuit mais là c’est louche. On s’arrête alors pour changer les piles des frontales. Au moment de repartir, impossible de suivre le rythme de mon compagnon dans la descente, j’ai peur de me tordre mon genou douloureux. Je tente de suivre à distance quand même dans cette descente rapide où l’on aperçoit les lumières des Houches et de Chamonix. On y est presque !!! On déboule sur une route bitumée assez pentue en lacets qui nous oblige à retenir. Ca termine de m’achever les quadris mais on est trop proches du but pour ralentir. Je reviens sur un petit Espagnol au physique basque qui a l’air de souffrir quand le dernier ravito s’offre à moi.

TDS - Sur la Trace des Ducs de Savoie
L'aiguille du midi évidemment ... depuis chamonix

L'aiguille du midi évidemment ... depuis chamonix

Je vois un groupe qui décolle du ravito quand j’entre. Je vois même une femme dire à son mari de se dépêcher d’arriver à Chamonix car tout le monde a envie de dormir maintenant ! Je mange un bout rapidos et prends 1 litre d’eau dans les flaques. Je me fais confirmer qu’il reste bien que « 8km en parcours plutôt roulant avec de la montée quand même » pour me mettre en mode contre la montre. 8km c’est rien. Ça doit passer à bloc avec de l’élan !! Les endorphines s’activent à 100% et les douleurs s’estompent. La route descend dans le village et une route bitume puis terre va s’allonger avec des coups de cul récurrents et des faux plats. Il faut courir ! Je m’accorde des marches très rapides dans les montées. Coureur par coureur, j’arrive à accélérer en haut des bosses pour décrocher ceux que je rattrape. Un groupe de quatre me voit revenir comme une fusée. C’est drôle de voir les frontales se retourner toutes les 30sec pour voir ce qu’il se passe derrière. J’accélère à chaque replat pour ne pas me faire prendre la roue. Je repense à toutes ces séances de « fractionné » pour préparer le marathon ou ces séances de courses rapides qui doivent porter leurs fruits maintenant, sur demande. Au bout de 40 minutes, je ne vois toujours pas de baisse de régime tellement j’ai eu l’impression d’être facile par rapport aux autres. Sur ma droite en contrebas, j’aperçois le panneau « Chamonix Mont Blanc » de la route nationale. En mode pistard, je vide mes gourdes pour m’épargner quelques centaines de grammes. Allez plus que 2km ! Dans la route qui remonte dans le village, je rattrape la quatrième féminine, une italienne qui fait mine de vouloir me parler. Elle marche dans cette montée mais je cours, désolé je peux plus papoter maintenant ! A un moment, j’ai l’impression de voir revenir une frontale alors que la route s’éternise un peu. Je repars comme sur un 10.000 au moment où je déboule dans la rue principale que je remonte à bloc, juste le temps de dépasser un gars à bout de force qui ne tente même pas de suivre. En apercevant le dernier virage, mon cerveau se déconnecte enfin du mode course pour revenir sur le plaisir de passer cette mythique arche. Je jette un œil à droite pour voir le Mont Blanc mais il fait trop nuit encore. Le dernier grand virage à gauche. Ca y est ! On a presque envie que cette dernière ligne droite soit plus longue pour se laisser le temps de réaliser qu’on est en train de boucler un ultra. Il n’est même pas 4h du matin. Les milliers de personnes qui doivent attendre les premiers lors de leurs arrivées ne sont pas là mais ça ne change rien au plaisir. Une dizaine de personnes attendent dans la lumière là-bas. Je coupe la course quelques de mètres avant la ligne pour profiter de ce moment tant espéré et la passer en marchant pour savourer.

Le foule a 4h23 sur devant la ligne d'arrivée !

Le foule a 4h23 sur devant la ligne d'arrivée !

TDS - Sur la Trace des Ducs de Savoie
La fameuse/mythique arche d'arrivée de l'UTMB la veille de la TDS

La fameuse/mythique arche d'arrivée de l'UTMB la veille de la TDS

Assez inattendu car étant au milieu de la nuit, Diane est là pour m’attendre sur la ligne d’arrivée, pour partager ce moment de joie. Devant le tableau d’arrivée, les gars de l’organisation me félicitent en me montrant le 83eme chrono en 21h21minutes. Je suis très satisfait de la course a chaud comme quelques semaines après. J’ai couru tout au feeling, sans montre et ça a plutôt bien fonctionné. Après l'arrivée, le temps semble s’être arrêté pendant quelques instants, c’est le silence. Je ne boude pas la polaire de finisher ni le ravito d’arrivée.

Je regarde un peu l’arrivée des suivants, au compte-goutte, parfois personne pendant un bon moment. Le fatigue arrive enfin, toujours pas le sommeil.

Le lendemain en allant déjeuner, traînant péniblement la grosse tendinite que je me suis infligé au genou, j’applaudis les finishers de la même course que moi, qui courageux terminent aussi leur périple. J’avais un à priori négatif sur l’aspect commercial de cet évènement qui prend tout son caractère humain un fois que l’on est dans les rues qui respirent le pimpim de la course, mais aussi le mythe et la joie du sport. Tourner autour du Mont-Blanc donne ce quelque chose en plus que les autres courses n’ont pas. C’est vrai et c’est comme ça….

Enfin, il va bien falloir revenir pour faire le tour complet … et peut être aussi pour honorer une promesse faite dans une yourte il y a 18 mois déjà :-)

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J
Super ton CR !<br /> On a fait le sommet du Passeur (en rouge sur la photo !) et la descente assez proche ;-)<br /> Bravo sur ta course et RDV peut-être un jour sur l'UTMB !
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