Mendi Ederrak

Ces petites choses

19 Novembre 2015, 22:55pm

Publié par Peio

D'ordinaire, je vous parle de ma passion basque, de mes aventures montagnardes, de tout ce qui m’inspire.

Je vous parle de ces rêves si forts, je vous raconte ceux que j’ai eu la chance de réaliser.

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de tout plein d'autres choses. J'ai envie de vous parler de la montée au Geissweg (vous ne la trouverez pas dans mon classement des plus beaux cols). De ces 2 kilomètres à 9% que j'ai du monter une cinquantaine de fois cette année. De ces 8 à 10 minutes, où je m'oublie dans l'effort, où je sens mon coeur battre à rompre, mes cuisses brûler, ma respiration s'affoler. L'été, j'aime y suer à grosses goûtes, et les sentir ruisseler tout le long de mon corps. J'aime le vide qu'un tel effort créé dans mon esprit. J'aime le goût qu’il donne à l’eau. J'aime entendre Damien me dire avant chaque montée, "ce n'est qu'un mauvais moment à passer". Mais ce n'est pas vrai, on y revient tout le temps, et on aime toujours autant se mettre à danseuse, quant au bout de 400 mètres la pente passe à plus de 15 %. On aime rouler en hypervélocité sur les 400 derniers mètres quand la pente d'affaiblit. On aime se faire porter par le vent au retour, après avoir pesté à l'aller. On aime jouir de la beauté du point de vue à Scharrarbergheim en haut des vignes, même si ça fait déjà 40 fois qu'on y est montés cette année. Et si jamais il fait trop moche pour voir quelque chose, ce n'est pas bien grave, on reviendra le week end prochain. J'aime le moment où je pose le vélo dans le garage, je me sens apaisé, rempli d'endorphines. J'aime retrouver Auretxu encore entrain de dormir. J'aime la regarder somnoler si paisiblement dans sa position de yoga. L'hiver, j'aime sentir le chauffage au sol dégeler progressivement mes pieds. J'aime boire du thé brulant, tranquillement assis dans le canapé, en écoutant Gaztea. J'ai aussi envie de vous parler de l'hiver alsacien, de ces soirées au Champ du Feu à skier sous la pleine lune et les étoiles, et toujours du thé brulant partagé avec Julius dans son Partner. J'ai envie de vous parler de la piscine nordique du Wacken, où j'aime tant y nager le dos quand le ciel est étoilé, même si j'ai froid aux bras. J'ai envie de vous parler de mon magasin de légumes à Oberschaffolsheim, des graines de courge que je grignotte sur mon vélo en rentrant, et surtout du goût de leurs tomates. J'ai envie de vous parler du dernier livre que j'ai lu, qui me faisait coucher trop tard le soir, des émotions qu'il a pu réveiller en moi. J'ai envie de vous parler des vins de chez Rietsch, des hamburgers du Pied de Mammouth. J'ai envie de vous parler de mes soupes hivernales que je fais en écoutant une chanson en boucle que je viens de découvrir. J'ai envie de vous parler de mon potage courge gingembre coco, que j'ai encore amélioré en ajoutant des patates douces. J'ai envie de vous parler de la douceur de mon Auretxu, de son affection, de notre complicité. J'ai envie de vous parler de la satisfaction que je ressens de m'être levé pour vélotafer quand je vois le soleil se lever sur la forêt noire. J'ai envie de vous parler de la douche chaude que je prends ensuite, avant de commencer ma journée de taff, zen ( et aussi du double expresso juste avant). J'ai envie de vous parler des couleurs qu’a pris le ciel dimanche dernier avant de se coucher. J'ai envie de vous parler de la Cathédrale de Strasbourg qui ne cesse de m’émerveiller. J'ai envie aussi de vous parler de toutes ces surprises que je n'avais pas rêvées, ou désirées, un arc en ciel sur le kochesberg, courir à côté d'une biche au Saint-Odile, la vidéo du petit Jules qui ressemble de plus en plus à son papa, la photo de la petite Constance qui se tient debout désormais, le Riesling de chez Barmès-Buecher... De ces petites choses qui me laissent des souvenirs légers et jolis.

D'ordinaire, je vous parle de ce qui accapare beaucoup trop mon esprit, de ce qui me pose des problèmes de concentration, de ce qui m’empêche trop souvent de trouver le sommeil, et de ce qui me rend parfois difficile à vivre. En me lisant, vous devinez sans doutes des envies que je n’assouvirai peut-être jamais, mais qui resteront en moi pour toujours. Je vous parle de ce qui me rend toujours plus passionné, de ce qui me dévore.

Mais aujourd'hui, je voulais vous parler de toutes ces petites choses, de tous ces petits plaisirs qui me permettent aussi de vivre léger et heureux, de trouver le sommeil, c'est à elles que tient mon équilibre, mon bonheur.

Ondo ibili!

Peio

Et de ça aussi, je voulais vous parler!

Et de ça aussi, je voulais vous parler!

C'est cette chanson que j'ai écoutée en faisant ma soupe avant hier!

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L
Sûrement ton meilleur article à mon goût, ça donne tout simplement envie de vivre à 100‰ la moindre chose.
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A
Top ce récit ! Ca me donne tellement envie de rentrer en Alsace :D
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