Mendi Ederrak

Orhy, point culminant de la Soule, Iraty, et autres montagnes navarraises...

3 Août 2013, 17:51pm

Publié par Peio

    Jeremy part avec nous avec entrain, nous avons du mal à suivre le jeune candide dans les hauts pourcentages de l’ascension du Pic d’Orhy, dernier sommet au dessus de 2000 mètres avant l’Océan, le sentier se fait de plus en plus raide et minéral à mesure que nous montons. De nombreux choucas planent au dessus de nos têtes. Peut-être pensent ils que la chaleur aura raison de nous et attendent-ils une défaillance ? Il n’en est rien, Jérémy et Joanna, la dernière sans bâton, mènent le groupe à vive allure. Au sommet, le panorama est de toute beauté, chaîne pyrénéenne avec Anie et les 3 rois aux avants postes, les crêtes aériennes d’Alupigna et de Zazpigan… Je contemple le beau village de Larrau, ces maisons souletines en ardoise et son fronton.
 

 

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    Nous repartons en suivant la ligne de crête en direction de Zazpigan, pour la partie la plus aérienne du parcours. Si certains ne sont pas vraiment à leur aise, Pilone fait plaisir à voir et saute comme un chamois d’un caillou à l’autre, il a vraiment le pied montagnard, et se fait plaisir sur cette section ultra technique.
 

 

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    Nous courons entre Navarre et Soule de part et d’autre de la frontière, comme bien souvent depuis le
    départ.
 

 

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    Nous quittons la HRP pour rejoindre une piste qui nous mène à la forêt d’Iraty, la plus grande hêtraie d’Europe. Ce passage en forêt n’est pas le plus beau du parcours, et la piste est en très mauvais état du aux intempéries de la fin du printemps. Cependant qu’il est bon de courir un peu à l’ombre. Nous continuons de descendre jusqu’à retrouver l’Iratiko et le GR12. Un mur se dresse alors devant nous et surtout en plein soleil, jusqu'au col d’Oraaté. Le sentier monte droit dans la pente, il est très étroit, au milieu des broussailes, ça pique.
 

 

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    Il fait de plus en plus chaud, et les organismes commencent à fatiguer. Les marmottes accusent le coup, la bataille pour le maillot à pois menée par Nico B est de moins en moins rude. Heureusement, la fin de la montée s’adoucit et se passe en forêt. Jérémy est à bout de force, il a été trop gourmand en voulant faire plus de sections que prévues. Nous devons l’abandonner là avec Jean-Louis, Pauline et Auré sont mises au courant pour leurs venir en secours. Nous continuons à trottiner sur la crête d’Urculu avant de descendre dans une véritable fournaise. Nous avons quitté la belle forêt d’Iraty et il n’y a pas d’ombre. Nous rejoignons rapidement la borne 224 avant d’entamer l’ascension du col d’Errozate. Celle-ci est beaucoup plus douce que l’ascension en vélo de route depuis Saint-Estérençuby, le col le plus raide des Pyrénées avec 10km à 9,8% de moyenne ! Nous ne savons pas où donner des yeux, plateau de cromlechs qui témoignent que ces montagnes connaissent une activité pastorale depuis fort longtemps, avec en fond de toile Iraty et le Pic d’Orhy, la grotte d’Harpea et l’Occabe point culminant de la Basse-Navarre. La descente qui suit est pénible, le monotrace est étroit, et les herbes très hautes. Il fait CHAUD, et nous devons subir des attaques incessantes de taons. Les marmottes pestent haut et fort. Personnellement, je commence à être vraiment dans le rouge, je subis la chaleur… Nous regrettons aussi de ne pas avoir attendu les filles pour remplir nos poches d’eau… On essaie de positiver. Nous arrivons à la rivière et au pont de Chubigna, nous décidons de faire une pause et de remplir nos poches d’eau, en utilisant des micropurs… Certaines marmottes restent sceptiques… Nous nous armons de courage et attaquons la montée vers le col d’Orgambide. Dans les portions raides, je me fais distancer par le groupe, je profite des replats bitumés pour les rattraper et prendre de l’avance. Je serre les dents. On croise quelques cabanes et bergeries, et on trouve un aimable berger qui veut bien remplir nos poches, voilà les marmottes rassurées… Mais, je continue à faiblir avec ce soleil toujours aussi perçant. J’ai du mal à apprécier la Torrea d’Urkulu, et peu avant de rejoindre Benoît et Alix  à Arnostéguy, je vomis… Je m’accroche pour ne pas ralentir l’équipe. Je me focalise là dessus.

 

    Nico B si étincelant en début de journée connaît lui aussi une grosse défaillance. Beaucoup de marmottes décident de s’arrêter afin de ne pas freiner le cortège. Nous comprenons que l’exploit sera collectif, les conditions climatiques vont compromettre nos ambitions personnelles. L’équipe est plus soudée que je le pensais, le soleil nous a unit, et il y a beaucoup de solidarité entre les marmottes. Quel bonheur de retrouver Alix et Benoît au milieu des pottoks, le soleil descend enfin, et le temps vire au frais…
 

 

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    IL est 20h45, déjà plus de 15h d'efforts, beaucoup de marmottes sont KOs. Nous sommes accueillis, encouragés, coachés, choyés par nos 2 marmottes parisiennes. Benoît m’oblige à manger, et m’encourage à repartir mais je ne veux pas freiner l’équipe qui à déjà pris du retard depuis la fringale de Jer. Nico B, Nico Paypay, Joanna et Stéph décident aussi de s’arrêter là.
 

 

    Peio nous ayant abandonné, c'est donc moi Jeff qui reprend la plume! Il est presque 21 heures quand nous repartons du ravitaillement avec Arnaud, Pierro et nos 2 acompagnateurs Alix et Benoit. Comme dirait Peio il y a eu "écrémage" dans le peloton! Le ravitaillement était pantagruélique  et nous a fait un bien fou après la longue et éprouvante étape précédente.
 

    Alix et Benoit sont frais comme des gardons et vont tout faire pour nous encourager et nous faire oublier la fatigue accumulée tout au long de la journée, merci à vous ! Benoit fera même le sherpa en portant nos vestes à tous. Nous partons sur une allure raisonnable mais néanmoins assez soutenue avec l’objectif de ne pas arriver trop tard à Lindus. Nous avons pris du retard sur les barrières horaires, et nous avons bien en tête que chaque minute de retard de prise est  décomptée sur notre capital sommeil de la nuit.
 

    Au tiers du parcours, un superbe coucher de soleil s’offre à nous et nous redonne un coup de boost en nous faisant oublier quelques instants les douleurs que nous avons dans les jambes.

 

 

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    La température de l’air baisse progressivement et cela rend donc la progression beaucoup plus  agréable.
 

 

    L’obscurité se renforce d’un coup et il est temps d’allumer les frontales. Il faut à présent faire doublement attention aux accidents du terrain, car il est difficile de rester concentré quand cela fait 15 heures que l’on court ! Arnaud se la pète avec la frontale de Peio qui envoie du « gros steak », jusqu’au moment où il n’aura plus de batterie ! lol !
 

 

    Il commence à sentir des douleurs au niveau de son genou et nous prenons donc la sage décision de ne plus courir dans les descentes pour ne pas aggraver la situation. Encore bravo à Arnaud d’avoir parcouru l’intégralité de cette journée avec nous sans faillir. Pour un routard, tu  as assuré: tu es venu, tu as vu, tu as vaincu !
 

 

    La fin se fera donc au mental sur une piste bétonnée en côte jusqu’à Lindus où nous apercevons enfin les lumières du camping-car ! Il est 23 heures et nous pouvons enfin crier victoire! Voilà la première journée de bouclée, le moment que nous attendions depuis ce matin  5h !
 

 

    Cela nous fait à présent chaud au cœur de retrouver nos chers ravitailleurs qui ont déjà monté nos tentes et préparé un immense festin ! Bravo et merci encore à vous pour vos encouragements, votre gentillesse et votre soutien! Nous dévorons rapidement notre repas avec toujours l’objectif de perdre le moins de temps possible pour aller dormir.
 

    Un petit mot de Bernard:
 

    Le bonheur du ravitailleur

 

    Ces fonds de vallées basques, qui se terminent en cul de sac sur la frontière espagnole, ont été pour nous de fantastiques bouts du monde.

 

    L’image la plus forte pour l’équipe camping du moment , fut l’interminable col de Lindus à partir d’Urrepel; le ford a gravi des lacets entre 9 et 12 % , traversé les ombres épaisses de forêts de hêtres et de chênes pour arriver sur une zone , où seul un ou deux bergers , des bucherons espagnols et des « paloumaires » passent avec  leur 4X4 poussièreux.
 

    Les tentes installées par Titou et le repas bien mijoté par Jérémy, Alice et Christian, nous avons attendu inquites jusqu’à 23 h pour voir arriver comme des lucioles l’équipe des coureurs de cette ultime étape du Samedi.
 

    Les traits de leur visage contrastés à la lueur de nos lampes de camping étaient très marqués ; nos amis ressemblaient un peu à ces cosmonautes qui viennent d’atterrir ; la fatigue leur coupait encore l’appêtit ; mais leur jeunesse et leur sagesse les a remis sur l’impératif biologique : manger, boire et petit à petit ;  ils ont parlé , ri ….
 

 

    Un vent frais a soufflé, les orages étaient sur les hautes pyrénées ; certains ont récupéré et continué de rêver sous leur tente ; les autres sont redescendus dormir en dur sur Banca par la petite route en lacets.
 

 

    Ce soir là, nous avions l’impression d’être artisan de leur reconstruction ; comme des amis privilégiés … ce fut un bonheur!
 

    Arnaud, petit veinard qu’il est, dormira quant à lui à l’hôtel après une bonne
    douche !
 

    Il n’est pas loin de minuit quand nous nous couchons avec Pierre. On se glisse encore transpirant et plein de boue dans les duvets: inutile de préciser que cela ne sent pas la rose dans la tente mais bon, là n’est pas la priorité ! Un coup de Voltarène sur mes genoux et sur  le tibia de Pierre et dodo !
 

 

    La suite Mendi Ederrak sur les traces de l'Euskal Trail,
    Kintoa et Aldudes

 

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